Débat
La France à la traîne dans le classement des meilleures universités d'Europe
Les établissements britanniques dominent largement le classement annuel des meilleures universités européennes. L’Ecole normale supérieure (ENS), qui a pour caractéristique d'être une grande école, occupe la 17e place.
Mieux vaut mettre le cap sur le Royaume-Uni pour étudier dans une université d’excellence. Sans surprise, le classement 2016 des 200 meilleures universités d’Europe établi par Times Higher Education (THE) est dominé par les établissements britanniques.
Ce n’est certes pas une nouveauté, mais le phénomène impressionne : près du quart (46) des meilleures universités du Vieux Continent sont situées outre-Manche, souligne le journal spécialisé dans l’Enseignement supérieur, dont les classements annuels sont aussi redoutés que commentés.
A la première place, on retrouve Oxford où David Cameron, Margaret Thatcher et une myriade de prix Nobel ont passé une partie de leur scolarité. La prestigieuse université, fondée au 12e siècle, devance sa rivale Cambridge et l’Imperial College de Londres.
Au total, sept universités britanniques occupent le top 10. De quoi expliquer le puissant pouvoir d’attraction exercé par ces institutions auprès des jeunes européens, l'apprentissage de l'anglais, la lingua franca de la mondialisation, aidant également.
L’ENS 17e, Polytechnique 43e ...
A l'inverse, la France, qui possède un système dual avec des universités et des grandes écoles, déçoit. L’Ecole normale supérieure (ENS) se classe 17e, tandis que Polytechnique, Pierre-et-Marie-Curie et Paris-Sud sont respectivement 43e, 51e et 96e. Au total, quatorze universités tricolores figurent dans le classement.
L’Allemagne est le deuxième pays le mieux représenté avec 36 universités, dont onze dans le top 50. Cités en exemple par le candidat démocrate américain Bernie Sanders, les pays scandinaves (Suède, Danemark, Finlande) se distinguent par leurs belles performances au regard de leur poids démographique et placent 23 universités dans le classement. Autre pays réputé pour son excellence universitaire : les Pays Bas comptent 8 universités dans le top 50.
Pour réaliser ses études, Times Higher Education se fonde sur plusieurs critères, parmi lesquels la recherche, la pédagogie, les échanges de connaissances et l’activité internationale.
A défaut d'y briller, la France pourra toujours se consoler avec un autre classement, celui-ci établi par l’agence britannique Quacquarelli Symonds (QS), qui a placé Paris au premier rang des "meilleures villes du monde pour étudier" lors des quatre dernières années.
Source : lesechos.fr/ Adrien Lelievre / Journaliste | Le 10/03/16
Définition
Le pincement discal ou tassement discal se réfère à la diminution de la hauteur d’un disque intervertébral. Il s’agit habituellement d’une des manifestations de la discopathie dégénérative.
Le disque le plus souvent sujet à un pincement discal est le disque situé entre les vertèbres l5 et s1 : pincement l5 s1. Le pincement peut se situer au niveau cervical, dorsal ou lombaire et peut concerner plusieurs disques.
Lorsque tout le disque est aminci, on parle de pincement global. Lorsqu’une partie du disque est amincie, on parle de pincement local.
Causes du Pincement Discal
Le pincement ou tassement du disque survient habituellement à cause d’une rigidification et d’un dessèchement du disque intervertébral qui perd ses propriétés d’amortissement et se détériore progressivement (discopathie dégénérative).
Le pincement discal se manifeste donc lorsque les cellules du disque intervertébral vieillissent, se dessèchent et ne sont plus suffisamment régénérées et remplacées par des nouvelles cellules.
La cause principale de ce processus de vieillissement cellulaire est un apport insuffisant en oxygène, en eau et en nutriments et une mauvaise évacuation du dioxyde de carbone. Ces fonctions sont normalement accomplies par le système circulatoire et donc par le sang. Même si les disques vertébraux sont avasculaires (pas alimentés directement en sang) ils dépendent d’un afflux sanguin suffisant pour leur alimentation en oxygène, nutriments et eau et pour l’évacuation du dioxyde de carbone. Ces échanges sont réalisés avec le sang par à un échange capillaire qui a lieu à travers la surface du disque vertébral. Le caractère avasculaire des disques intervertébraux les rendent d’autant plus vulnérables à un afflux sanguin insuffisant.
Les disques vertébraux en bonne santé possèdent une contenance en eau élevée en leur centre, dans le noyau. Un noyau bien hydraté est essentiel aux fonctions du disque. La quantité d’eau dans le disque n’est pas stable et varie sur un cycle de 24h. Il se dessèche progressivement pendant la journée et se recharge en eau au repos, pendant la nuit. Une circulation sanguine suffisante dans le dos est essentielle afin de permettre au disque de se recharger en eau (un sang en bonne santé est composé d’eau à 90%). S’il manque d’eau, il se dessèche et se tasse.
Un disque pincé est un disque qui a perdu tout ou partie de ses capacités d’absorption des chocs. La perte de cette propriété accélère d’autant plus son vieillissement. Comme un pneu mal gonflé se détériore plus rapidement, un disque vertébral mal hydraté également.
Au vieillissement et à la déshydratation du disque s’ajoute le facteur des contraintes mécaniques sur le disque. Un disque en bonne santé est capable de supporter des forces de pression très importantes lorsqu’il est soutenu par une musculature détendue et équilibrée. Cependant, les muscles du dos portent habituellement de nombreuses contractures souvent inconscientes qui empêchent les muscles contractés de réaliser leur rôle en déplaçant les forces sur le disque vertébral. D’autre part, ces contractures modifient les postures et mouvements naturels du dos. Enfin, ces contractures sont souvent plus prononcées d’un côté que de l’autre ce qui amène à la formation de déséquilibres dans les forces de pression qui s’exercent sur le disque menant vers des pincements locaux, des protrusions, des hernies et des discopathies.
Source : lesmauxdedos.com/ décembre 2015
Longtemps évoquées et souvent reportées, les formations à la laïcité s’installent progressivement à l’université sous l’impulsion du ministère de l’Intérieur. À l’automne 2015, sept nouveaux DU ont vu le jour. Loin de se limiter aux aumôniers, ces formations visent désormais un public beaucoup plus large. Le point à l'occasion de la journée de la laïcité, le 9 décembre 2015.
Ils s'appellent Connaissance de la laïcité, à Paris 1, Droit, société et religion, à Bordeaux, ou encore Religions et société démocratique à Lille 2. Au total, une douzaine de diplômes universitaires de "formation civile et civique", selon la terminologie du ministère de l'Intérieur, ont fait leur rentrée en 2015, dont sept pour la première fois.
Dans les tuyaux des universités depuis plusieurs années pour certains, le développement de ces DU, subventionnés à hauteur de 15.000 euros par le ministère de l'Intérieur, a été accéléré après les attentats de Charlie-Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015 et le sera probablement encore après ceux du 13 novembre. L'objectif : amener les gestionnaires de cultes mais aussi des responsables d'associations, des agents de la fonction publique à mieux comprendre le rapport entre l'État laïc et les religions.
Des intitulés choisis avec soin
Si toutes ces formations ambitionnent de rendre plus clair le concept de laïcité, la plupart ont choisi de ne pas faire figurer cette notion à leur intitulé. "Le terme laïcité présente un caractère polysémique qui peut donner lieu à des malentendus", justifie Bénédicte Lavaud Legendre, en charge du DU Droit, société et religion de l'université Bordeaux.
Pour Céline Pauthier, responsable du DU Société et pluralité des religions à Strasbourg, il est surtout trop réducteur. "Quand on aborde les questions de législation du travail, de la famille, de la fiscalité... Nous sommes dans le cadre du droit général, pas dans celui de la laïcité, qui renvoie plutôt à la question du vivre ensemble".
Seules quelques universités comme l'Institut catholique de Paris (le premier à avoir ouvert un DU en 2007), Sciences po Aix ou encore Paris 1, l'ont retenu dans leur intitulé. "On ne peut pas imaginer qu'une formation civique et civile, financée par le ministère de l'Intérieur, ne fasse pas explicitement référence à la laïcité et à ses différentes interprétations", argumente Franck Fregosi, en charge du certificat Pluralité religieuse, droit, laïcité et sociétés à l'IEP d'Aix.
Un enseignement ouvert à un large public...
Loin de se limiter aux aumôniers la formation à la laïcité vise un large public : gestionnaires de cultes, fonctionnaires, étudiants en formation initiale... Seules conditions pour postuler : avoir un niveau bac et maîtriser la langue française. Les frais d'inscription eux, tournent entre 184 euros et 600 euros pour les formations les plus coûteuses.
Sur la quinzaine d'étudiants inscrits à l'université de Lille 2, cinq sont aumôniers (musulman, protestant et orthodoxe), les autres sont des agents publics, principalement de l'administration pénitentiaire ou des étudiants en formation initiale. On retrouve la même diversité à Paris 1, où les imams, envoyés par la Grande Mosquée de Paris, côtoient des responsables d'associations, des juristes, des agents de l'éducation nationale et de la police.
Une mixité à laquelle les responsables de ce DU tiennent particulièrement. "Ces formations donnent l'occasion à des personnes, dont certaines seront amenées à travailler ensemble, de mieux se connaître", insiste Aymeric Potteau, en charge du DU Religions et société démocratique à Lille 2. Et Brigitte Basdevant, responsable de celui de Paris Sud, d'ajouter : "La diversité des profils et des origines permet des échanges et des dialogues très riches." Au total, près de 250 étudiants suivent une formation à la laïcité cette année. Des formations qui ont pour la plupart fait le plein, excepté pour celles qui n'ont pas eu assez de temps pour se faire connaître.
... à dominante juridique
Dans la plupart des DU, le droit (droit public, de la famille, du travail) concentre environ les deux tiers des 130 heures que compte en moyenne la formation. Un enseignement d'histoire, de sociologie et de sciences politiques, modulé différemment selon les universités, complète le programme. "Parler du religieux dans la société nécessite de convoquer la recherche en sociologie et en anthropologie des religions", insiste Franck Fregosi.
Si ces enseignements sont assurés par les professeurs de l'université, "qui ont tous répondu à l'appel avec beaucoup d'enthousiasme", assure Bernard Lebras en charge du DU Connaissance de la laïcité à la Sorbonne, certaines, à l'instar de Bordeaux et de Toulouse, ont fait également appel à des représentants de chacune des trois religions monothéistes.
"Ce sont les mieux placés pour présenter les principes et concepts religieux susceptibles d'être en conflit avec les normes civiles", justifie l'enseignante bordelaise. Une initiative parfois perçue comme une atteinte à la laïcité. Bénédicte Lavaud Legendre n'est pas de cet avis : "À partir du moment où ces personnes interviennent dans mon cours et donc sous ma responsabilité, il n'est aucunement question de cours de théologie."
La diversité des profils et des origines permet des échanges et des dialogues très riches.
(B. Basdevant)
L'IEP d'Aix, lui, a choisi de donner la parole à des acteurs de terrain. Membres de la fonction publique en charge de la question des libertés publiques et des cultes, responsables associatifs... sont invités à raconter leur quotidien. "L'idée est de diversifier les points d'ancrage et de permettre le passage d'un enseignement académique à des situations concrètes", fait valoir Franck Fregosi.
Un choix jugé d'autant plus essentiel que, selon Bénédicte Lavaud Legendre, les étudiants, notamment ceux issus de la fonction publique, "font face à des crispations de plus en plus nombreuses autour de la question de la place de la religion dans l'espace public". Ils ont donc besoin d'outils. Et d'ajouter :"Il ne suffit pas d'enseigner le droit des religions, encore faut-il donner aux étudiants des éléments de réflexion sur la manière dont on l'applique."
Pas d'ingérence du ministère de l'intérieur
Depuis les attentats de janvier 2015, le ministère de l'Intérieur parle de rendre obligatoire l'obtention d'un diplôme universitaire de "formation civile et civique" pour les aumôniers salariés qui interviennent au sein des prisons, hôpitaux et armées.
Des formations que le bureau du culte du ministère de l'intérieur subventionne, "ce qui permet de couvrir globalement les frais" souligne Bernard Legras, sans qu'il ne soit question d'ingérence dans le contenu des formations ou dans l'organisation de celles-ci. "Chacun est à sa place, le ministère de l'Intérieur fixe le cadre, à l'intérieur duquel les universités font ce qu'elles veulent", assure Céline Pauthier. Deux fois par an, le ministère réunit les responsables de ces DU, histoire d'échanger sur leurs difficultés et de partager quelques bonnes pratiques.
Source : letudiant.fr / Par : Isabelle Dautresme / le 09.12.2015
Les TOC, un trouble sévère ?
Anciennement classé parmi les troubles anxieux, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est un trouble sévère répandu dans la population actuelle puisque 2% à 3% de la population sont touchés par un TOC. Il représente aujourd’hui la 4ème maladie la plus fréquente traitée en psychiatrie après les troubles phobiques, les addictions et les troubles dépressifs. La maladie peut apparaître tôt, y compris dès l’enfance et son évolution est chronique : 65% des personnes atteintes ont déclenché ce trouble avant l’âge de 25 ans et 15% après 35 ans.
Le trouble obsessionnel compulsif est une maladie invalidante tant pour le sujet qui en souffre que pour son entourage. Il se manifeste par 2 grandes catégories de symptômes : les obsessions sous la forme de pensées, d’images à contenus désagréables qui s’imposent involontairement au sujet. Ces obsessions génèrent une anxiété majeure et nécessitent de la part de ce dernier la réalisation de comportements répétés, des rituels pour tenter d’apaiser ces idées angoissantes.
Actuellement, les traitements par psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) et / ou les antidépresseurs sérotoninergiques permettent d’améliorer les deux tiers des patients. Cependant, les formes résistantes aux traitements classiques et en particulier les formes très sévères (20% des formes résistantes) font l’objet de recherches particulières, notamment à l’ICM, pour développer des innovations thérapeutiques.
Et la recherche ?
A l’ICM, la recherche s’organise selon 3 axes majeurs : mieux comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau des personnes atteintes de troubles obsessionnels et compulsifs, mieux guérir en optimisant les traitements existants, et enfin mieux soigner en développant des dispositifs d’aide et de lutte contre ce handicap.
L’équipe de Luc Mallet, Psychiatre et chercheur en neurosciences développe des projets de recherches fondamentale et clinique pour essayer de comprendre les fonctions cérébrales impliquées dans la pathologie en étudiant le comportement à la fois chez le modèle expérimental et chez l’homme.
À partir de techniques de neuroimagerie cérébrale, les chercheurs ont pu identifier que certaines régions du cortex, les régions orbito-frontales (placées au-dessus des yeux) se trouvent impliquées dans l’émergence de certains symptômes parmi les plus importants, notamment le doute envahissant probablement à l’origine des comportements de vérification.
En outre, l’équipe cherche à proposer des solutions innovantes notamment dans les formes les plus résistantes à l’aide des différentes approches thérapeutiques comme les psychothérapies expérimentales, l’utilisation de la stimulation transcrânienne ou encore la stimulation cérébrale profonde. Récemment, grâce à cette dernière technique, les chercheurs ont découvert qu’en modulant l’activité de circuits cérébraux très précis, les symptômes exprimés dans la maladie pouvaient être atténués voire totalement supprimés. Cette approche consiste à moduler l’activité de circuits cérébraux dysfonctionnels. Ces réseaux doivent être mieux identifiés pour espérer augmenter l’effet thérapeutique. Pour cela, l’équipe a récemment inclue dans ses recherches des techniques dites de stimulation optogénétique chez des modèles expérimentaux de TOC. Cette approche translationnelle entre l’Homme et le modèle expérimental est essentielle pour mieux caractériser les circuits cérébraux qui sont à l’origine du TOC et pourrait, à terme, être un atout majeur pour améliorer les traitements des patients.
« Aujourd’hui, notre objectif est de développer les traitements de demain pour une approche plus personnalisée tant sur le plan thérapeutique qu’au niveau de la prise en charge globale du patient ». Pr. Luc Mallet, Responsable de l’équipe « Comportement, émotion et ganglions de la base » à l’ICM.
Source : http://icm-institute.org/ déc.2015
Une cotutelle de thèse est un programme offert conjointement par deux établissements d’enseignement supérieur, l’un au Canada et l’autre en France. Ce programme permet aux étudiants d’obtenir un double diplôme (ou un diplôme conjoint) de doctorat, délivré et reconnu par les institutions des deux pays. Les étudiants qui suivent un programme de cotutelle bénéficient d’une expérience de recherche internationale inestimable. Leurs travaux de recherche sont conduits à la fois au Canada et en France. La cotutelle est un atout exceptionnel pour les étudiants et pour la coopération entre les institutions canadiennes et françaises.
La cotutelle de thèse offre aux doctorants une opportunité unique d’assimiler différentes méthodes de travail et approches scientifiques, d’utiliser les équipements des différents laboratoires, ce qui enrichit considérablement leur formation et leur travail de recherche.
En favorisant la mobilité internationale des étudiants en doctorat, la cotutelle de thèse permet en outre d’établir et de renforcer les collaborations entre laboratoires de recherche des deux pays.
Il ne s’agit donc pas de délivrer « deux doctorats pour une seule thèse », mais de reconnaître conjointement le travail accompli par l’étudiant dans les deux établissements, sous la supervision des deux encadreurs.
La législation française permet aux universités une grande flexibilité dans la mise en place des cotutelles de thèse. L’article 4 de l’arrêté du 6 janvier 2005 les autorise à déroger aux dispositions françaises si celles-ci sont contradictoires avec les exigences de l’institution étrangères partenaires.
Les atouts des cotutelles de thèse
* augmentation de l’attractivité des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche des deux pays ;
* amélioration de l’expérience universitaire, scientifique, culturelle et humaine du doctorant ;
renforcement des collaborations dans le domaine de la recherche scientifique.
Le financement d’une cotutelle
Pour mener à bien un projet de thèse en cotutelle, deux types de financement sont nécessaires : le financement de la thèse elle-même et le financement du coût additionnel lié à la mobilité internationale (voyage et coût du séjour à l’étranger).
L’Ambassade de France propose des opportunités de financement spécifiquement dédiées aux étudiants canadiens en cotutelle avec la France. pour plus d’informations sur l’ensemble des programmes de financements disponibles pour les doctorants en cotutelle (français et canadiens), consultez la page page dédiée de notre service.
Source : ambafrance-ca.org/ déc.2015
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Des climatologues ont montré comment des changements de température dans l’hémisphère Nord ont provoqué une rapide aridification du Sahara il y a près de 5000ans.
Au milieu du XIXe siècle, lors d’un trajet entre Tripoli et Tombouctou, l’explorateur allemand Heinrich Barth découvrit des peintures et des gravures sur rochers figurant des scènes de chasse et des animaux. Ces traces, datées d’il y a 11 000 à 5 500 ans, témoignent d’une époque où le Sahara était bien différent d’aujourd’hui. En effet, le désert actuel était alors couvert d’une végétation tropicale et de fleuves : le Sahara était « vert ». Cependant, il y a environ 5 500 ans, la région a connu une aridification extrêmement rapide, laissant la place au désert tel que nous le connaissons aujourd’hui. Une équipe internationale, dont fait partie Thibaut Caley, du laboratoire EPOC (CNRS et université de Bordeaux), a mis en évidence le rôle d’une baisse des températures dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord dans la disparition du Sahara vert.
Précédée et suivie de conditions climatiques arides, cette période humide africaine qui a duré environ 6 000 ans a été exceptionnelle. Sa fin est cependant mal connue, notamment la rapidité et la synchronicité de l’aridification à toute la région du Sahara et du Sahel. Pour clarifier cette question, Thibaut Caley et ses collègues ont d’abord analysé des sédiments marins dans le golfe de Guinée. Ils se sont surtout intéressés à la cire qui couvre les feuilles des plantes et que l’on retrouve dans les dépôts sédimentaires. La composition en isotopes stables de l’hydrogène de ces cires permet de reconstruire l’intensité du cycle hydrologique (cette composition peut être reliée à la composition de l’eau de pluie utilisée par les plantes). Grâce à cet indicateur, les chercheurs ont montré que les précipitations ont fortement diminué il y a entre 5 800 et 4 800 ans dans la région du Cameroun et dans le centre du Sahel-Sahara. Une observation similaire a été établie dans le nord-est de l’Afrique, attestant d’un phénomène global. Par ailleurs, la baisse du niveau du lac Tchad d’une centaine de mètres vers 5 200 ans et l’augmentation des poussières dans le nord-ouest de l’Afrique vers 5 500 ans sont aussi des signes d’une grande sécheresse.
Pour comprendre ce qui s’est passé, les chercheurs ont étudié les phénomènes atmosphériques qui jouent sur l’apport d’humidité dans la région. Les sources d’humidité pour le Sahel et le Sahara sont, d’une part, l’océan Atlantique et, d’autre part, la mousson venant d’Afrique centrale. Les volumes de précipitations ainsi que leur caractère saisonnier sont modulés par deux courants atmosphériques, le jet d’est tropical (TEJ) et le jet d’est africain (AEJ). Le premier évolue à haute altitude et près de l’équateur tandis que le second se situe à plus basse altitude mais plus au nord. Si le TEJ ralentit, les conditions sont plus arides et, inversement, un AEJ plus fort provoque des conditions sèches.
Mais quel phénomène a pu perturber le TEJ et l’AEJ de sorte à provoquer l’aridification du Sahara vert ? Cela pourrait être à chercher dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord. En effet, de nombreux indicateurs montrent que les températures estivales dans la région s’étendant du Groenland à la mer de Norvège auraient baissé il y a entre 6 000 et 5 000 ans. Cela pourrait être dû à un ralentissement des courants dans l’océan Atlantique qui ramènent de l’eau chaude et salée des basses latitudes vers le Nord (on parle de circulation thermohaline) ou à une expansion du vortex polaire de l’hémisphère Nord, qui apporte du vent froid plus au Sud.
Pour comprendre comment ce phénomène a pu influer sur les conditions climatiques au Sahara, les chercheurs ont utilisé un modèle numérique du climat qui reproduit les conditions de l’époque avec un refroidissement, de 0,5 °C à 2,5 °C, de l’Atlantique Nord. Les chercheurs ont montré que les anomalies de température se manifestent alors jusqu’au nord de l'Afrique, ce qui a pour conséquence de ralentir le TEJ, réduisant les précipitations. Par ailleurs, la baisse des températures au sol dans le Sahara bloque aussi la remontée vers le nord de la mousson, conduisant à une baisse des précipitations dans le Sahel. Les chercheurs ont aussi montré que ces conditions ont renforcé l’AEJ, accentuant encore une fois l’aridification de la région.
Ainsi, une variation de température aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord pourrait avoir déclenché un effet en cascade avec des rétroactions qui ont finalement conduit à la disparition du Sahara vert. De façon plus générale, comme le souligne Thibaut Caley, « ces travaux confortent également l’hypothèse selon laquelle les changements futurs de température dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord pourraient avoir d’importantes répercussions sur le cycle hydrologique saharien et par conséquent sur les populations de cette région. »
Source : pourlascience.fr/Par : Sean Bailly/ 20-12-2016