Gouttières transparentes et bagues linguales connaissent un succès croissant chez des personnes de plus en plus sensibles à la beauté de leur sourire.
«Je n'aimais pas mon sourire ni mon menton alors à 27 ans, j'ai décidé de me faire poser des bagues. J'en avais envie depuis plusieurs années mais j'attendais d'avoir un emploi qui me le permette financièrement.» Comme Nadia, banquière à Bordeaux, les adultes sont de plus en plus nombreux à franchir la porte d'un cabinet d'orthodontie non pas pour accompagner leur enfant, mais pour eux-mêmes. Difficile d'évaluer l'ampleur du phénomène en l'absence de données de l'Assurance-maladie, l'orthodontie adulte n'étant pas prise en charge. Mais la tendance à la hausse est confirmée par tous les acteurs du secteur. Les spécialistes formés aux méthodes «invisibles» du type gouttières transparentes et bagues linguales fixées sur la face interne des dents, prisées par les adultes, estiment que cette patientèle a été multipliée par dix en une dizaine d'années, pour représenter 30 à 50 % de leur activité.
Imperceptibles de l'extérieur
C'est le perfectionnement des techniques invisibles au début des années 2000 qui a fait décoller l'orthodontie chez les adultes. Totalement imperceptibles de l'extérieur, les bagues linguales séduisent depuis la miniaturisation des «brackets», ces éléments collés sur la face interne de la dent, reliés entre eux par un arc métallique qui va exercer la force permettant de faire bouger les dents.
«Chaque appareil est fabriqué sur mesure par les laboratoires spécialisés avec lesquels nous travaillons, sur la base des empreintes et des directives que nous leur envoyons», explique le Dr Adrien Marinetti, président de la Société française d'orthodontie linguale (SFOL). «Cette méthode permet d'exercer une force différente sur chaque dent, et donc de mener un travail très précis.» Les spécialistes assurent que le dispositif gêne très peu celui qui le porte. La gouttière transparente est une alternative populaire. Elle consiste à enserrer les dents dans un sillon de plastique transparent d'un demi-millimètre d'épaisseur, à la manière d'un protège-dents de sportif. Amovible, il se fixe au moyen de rivets collés aux dents. De cette façon, le praticien s'assure que «l'aligneur», thermoformé aux mensurations du patient, forcera bien les dents à se redresser progressivement.
2000 à 8000 euros
L'orthodontiste travaille là encore avec une société extérieure, le leader sur le marché étant le californien Invisalign. Lors de la première consultation, le praticien fait une empreinte de la mâchoire du patient et l'envoie avec des annotations aux experts d'Invisalign, qui établissent un programme de traitement complet de deux ans en moyenne. Le patient reçoit une gouttière différente tous les 15 jours, chaque étape le rapprochant de l'alignement souhaité. L'appareil doit être porté 22 heures sur 24.
Chaque méthode a ses inconvénients: les gouttières ne sont pas imperceptibles à 100 %, elles se retirent pendant les repas et ne permettent pas de résoudre tous les problèmes. Le traitement, qui nécessite une assiduité sans faille, serait aussi un peu plus long. Les bagues linguales peuvent gêner au niveau de la langue et modifier légèrement l'élocution au début. Quant au coût financier, principal frein avancé par les candidats, il est sensiblement le même: de 2 000 à 8 000 euros au total, selon la complexité du cas.
«Pression sociale»
La motivation des patients est surtout esthétique. «La pression sociale est de plus en plus forte, surtout pour les femmes, mais on compte aussi beaucoup d'hommes. L'un de mes patients, qui est commercial, m'a dit que sa démarche avait été bien perçue par ses supérieurs, car cela montre qu'il soigne son apparence», explique le Dr Jean-Baptiste Kerbrat, chirurgien spécialisé en orthodontie (Pitié-Salpêtrière Paris/FFO). Mais on peut aussi consulter parce qu'on est gêné au quotidien: la mâchoire craque, les dents se heurtent, blessent les gencives, on a du mal à respirer par le nez… Il n'est pas rare que l'orthodontie nécessite une chirurgie préalable, pour élargir un palais ou avancer un menton, et ainsi faire coïncider les dents du haut et celles du bas.
«La chirurgie maxillo-faciale est bien plus confortable aujourd'hui , explique le Dr Kerbrat. Autrefois, il fallait garder la mâchoire bloquée pendant 6 semaines. Désormais, on peut ouvrir la bouche tout de suite car on utilise des petites plaques de titane pour consolider», explique le Dr Kerbrat. Compter 3 à 4 semaines d'arrêt de travail. Les spécialistes affirment qu'il n'y a pas de limite d'âge pour faire appel à l'orthodontie, d'autant qu'en vieillissant, les muscles s'affaissent et les dents bougent, ce qui conduit à des chevauchements. Mais «plus on intervient tôt, et plus le retour sur investissement est durable», note le Dr Coralie Fauquet-Roure (SFOL). «Des dents bien alignées ne seront pas seulement jolies: elles vont mieux vieillir.»
Source : lefigaro.fr/ 2015