Cette partition a été écrite par Franz Schubert en 1828, juste avant sa mort.
Près de 200 ans plus tard, des scientifiques allemands vont pouvoir confirmer son authenticité. Grâce à une méthode révolutionnaire, ils ont recherché la présence d’un filigrane incrusté dans le papier comme cela était d’usage au XIXe siècle.
Mais au lieu de sonder le papier avec un scanner traditionnel, les chercheurs utilisent une lumière à infrarouge, appelée aussi radiation thermique, qui n’est pas obscurcie par l’encre ou les mauvaises colorations.
Le papier est placé entre une paroi chaude et un appareil photo à infrarouge. Et comme le filigrane a rendu le papier plus fin, la température y est différente. C’est ce que détecte l’infrarouge.
“Lorsque je pose la partition sur la paroi chaude, je peux alors voir le filigrane. C’est à ce moment précis que j’enregistre l’image et que je la transmets à l’ordinateur”, explique Hagen Immel, un chercheur à la bibliothèque de Berlin. “Et c’est pendant cette très courte séquence que je peux voir où est le filigrane parce qu’il apparaît plus clairement, avec plus de contrastes mais sans qu’on soit gêné par l’encre. C’est le principe.”
Jusqu’au début du XXe siècle, tous les grands papetiers ont inséré des filigranes à leur papier. En ajoutant un filigrane, les fabricants protégeaient leur production comme on appose aujourd’hui un logo d’autant que le papier était rare, et donc très cher.
Le filigrane détecté est ensuite stocké dans une base de données, attestant que les documents dotés de ce filigrane ont été datés et sont référencés.
“Le filigrane est particulièrement important lorsque nous recherchons des documents originaux écrits à la main”, confirme Martina Rebmann, responsabloe du département musical à la bibliothèque de Berlin. “Cela nous aide à déterminer leur âge et le lieu où ils ont été écrits.
Le filigrane nous permet de vérifier ces informations plus facilement.”
Cette technologie a été développée conjointement par des scientifiques de l’Institut de Fraunhofer et de l’université du Braunschweig et deux machines ont déjà été livrées à la bibliothèque d‘État de Berlin et à celle de Bavière
Une technologie prometteuse. Elle pourrait aussi être utilisée pour détecter le filigrane caché dans des oeuvres d’art, comme celles du musée de Berlin dont une grande partie n’est pas toujours pas datée.
Mais ce procédé reste encore très coûteux. La bibliothèque de Berlin a dû débourser 100.000 euros. Mais les ingénieurs sont donc déjà au travail pour rendre cette technologie beaucoup plus abordable.
Source : euronews.com/ 10-8-2016