TOC

Les TOC, un trouble sévère ?

Anciennement classé parmi les troubles anxieux, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est un trouble sévère répandu dans la population actuelle puisque 2% à 3% de la population sont touchés par un TOC. Il représente aujourd’hui la 4ème maladie la plus fréquente traitée en psychiatrie après les troubles phobiques, les addictions et les troubles dépressifs. La maladie peut apparaître tôt, y compris dès l’enfance et son évolution est chronique : 65% des personnes atteintes ont déclenché ce trouble avant l’âge de 25 ans et 15% après 35 ans.

Le trouble obsessionnel compulsif est une maladie invalidante tant pour le sujet qui en souffre que pour son entourage. Il se manifeste par 2 grandes catégories de symptômes : les obsessions sous la forme de pensées, d’images à contenus désagréables qui s’imposent involontairement au sujet. Ces obsessions génèrent une anxiété majeure et nécessitent de la part de ce dernier la réalisation de comportements répétés, des rituels pour tenter d’apaiser ces idées angoissantes.

Actuellement, les traitements par psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) et / ou les antidépresseurs sérotoninergiques permettent d’améliorer les deux tiers des patients. Cependant, les formes résistantes aux traitements classiques et en particulier les formes très sévères (20% des formes résistantes) font l’objet de recherches particulières, notamment à l’ICM, pour développer des innovations thérapeutiques.

Et la recherche ?

A l’ICM, la recherche s’organise selon 3 axes majeurs : mieux comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau des personnes atteintes de troubles obsessionnels et compulsifs, mieux guérir en optimisant les traitements existants, et enfin mieux soigner en développant des dispositifs d’aide et de lutte contre ce handicap.

L’équipe de Luc Mallet, Psychiatre et chercheur en neurosciences développe des projets de recherches fondamentale et clinique pour essayer de comprendre les fonctions cérébrales impliquées dans la pathologie en étudiant le comportement à la fois chez le modèle expérimental et chez l’homme.

À partir de techniques de neuroimagerie cérébrale, les chercheurs ont pu identifier que certaines régions du cortex, les régions orbito-frontales (placées au-dessus des yeux) se trouvent impliquées dans l’émergence de certains symptômes parmi les plus importants, notamment le doute envahissant probablement à l’origine des comportements de vérification.

En outre, l’équipe cherche à proposer des solutions innovantes notamment dans les formes les plus résistantes à l’aide des différentes approches thérapeutiques comme les psychothérapies expérimentales, l’utilisation de la stimulation transcrânienne ou encore la stimulation cérébrale profonde. Récemment, grâce à cette dernière technique, les chercheurs ont découvert qu’en modulant l’activité de circuits cérébraux très précis, les symptômes exprimés dans la maladie pouvaient être atténués voire totalement supprimés. Cette approche consiste à moduler l’activité de circuits cérébraux dysfonctionnels. Ces réseaux doivent être mieux identifiés pour espérer augmenter l’effet thérapeutique. Pour cela, l’équipe a récemment inclue dans ses recherches des techniques dites de stimulation optogénétique chez des modèles expérimentaux de TOC. Cette approche translationnelle entre l’Homme et le modèle expérimental est essentielle pour mieux caractériser les circuits cérébraux qui sont à l’origine du TOC et pourrait, à terme, être un atout majeur pour améliorer les traitements des patients.

« Aujourd’hui, notre objectif est de développer les traitements de demain pour une approche plus personnalisée tant sur le plan thérapeutique qu’au niveau de la prise en charge globale du patient ». Pr. Luc Mallet, Responsable de l’équipe « Comportement, émotion et ganglions de la base » à l’ICM.

Source : http://icm-institute.org/ déc.2015

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