Plaidoyer

L’anthropologue et chercheur marocain, Faouzi Skali a plaidé, vendredi à Fès, pour engager un « combat de déconstruction idéologique » contre les expressions actuelles du Jihadisme. « Il est nécessaire d’entreprendre un vrai travail d’élaboration intellectuelle par lequel il faut engager un combat de déconstruction idéologique et une capacité d’analyse sociologique et historique contre les expressions actuelles du Jihadisme », a-t-il souligné à l’ouverture d’un colloque international sur « Les nouveaux territoires de l’identité : la fabrication du radicalisme ».

Le co-fondateur du festival de Fès des Musiques sacrées du Monde et président du festival de la Culture soufie a relevé que les événements de l’actualité, liés aux dérives extrémistes et sectaires doivent, pour être compris et cernés, être abordés avec une certaine profondeur de champ historique.

Comprendre ce processus nécessite un niveau d’analyse et de clarification dont on ne peut exiger qu’il soit le fait des pratiquants ordinaires musulmans, qui vivent l’Islam comme une religion de tempérance et d’humanisme spirituel et qu’ils sont touchés, comme d’autres, par des attentats et comportements qui restent pour eux tout autant incompréhensibles, a-t-il ajouté.

« Par un ensemble d’amalgames et de confusions, que nous essayerons de dissiper et d’éclaircir lors de ce colloque, une version sectaire et dévoyée de l’Islam, se présente aujourd’hui, et jusque dans les discours des médias, comme la version intégrale, pure et orthodoxe de cette religion », a-t-il dit.

M. Skali a rappelé les nombreuses idéologies qui revendiquent le retour au modèle premier des Salafs, les devanciers ou les anciens, « en voulant effacer d’un trait le poids de quelques 1400 ans d’histoire, traversée par une multitude de contextes sociaux et culturels ».

Pour sa part, le psychanalyste français, Charles Melman a relevé qu’une partie des jeunes est à présent tentée par le choix d’un idéal identitaire extrême aux conséquences violentes et destructrices.

Cet « idéal identitaire extrême » se manifeste par cette « nouvelle aspiration au martyr au nom d’une certaine interprétation de l’Islam » ou par « l’adhésion à un nationalisme ombrageux et autoritaire hostile à toute forme d’immigration », a-t-il expliqué.

Il a relevé que dans tous les cas, l’exaltation de l’idéal religieux ou national aboutit à la haine et au rejet de l’autre, ainsi qu’à son élimination physique.

Le chercheur a ajouté que le choix de la radicalisation, populiste ou religieuse, est symptomatique du péril symbolique qui semble s’abattre sur les sociétés d’Orient ou d’occident et particulièrement sur sa jeunesse.

Ce Colloque, organisé par le Centre International de Dialogue et de Recherches sur les Identités Subjectives et Sociales Centre (IDRISS) dont les deux présidents fondateurs sont Faouzi Skali et Charles Melman, cherche avant tout à cerner et comprendre un phénomène complexe dont les causes sont multiples et concomitantes.

Au programme de cette rencontre, initiée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, figurent des interventions sur des thématiques aussi riches que variées tels que « Radicalisme et fracture sociale », « Théologie et spiritualité face au radicalisme », « Religion et politique » ou encore « Clinique de la radicalisation, comment s’en sortir ? ».

Source : / 17 -Fev- 2017

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